mardi 16 août 2016

Vieux Sangs 1

 Et même des petits romans probables. On s’en sort par là. On s’en sort le cou hors de la nasse. On s’évacue d’urgence en beuglant de la sirène. Loin de sa vie. Vite ! Une femme un hôpital, mais s’en sortir…
 On vous raconte une histoire de pavés, de moellons, de venelle, et ça dégouline de sauce sur des rognons… Sous les saules sur les rives d’un fleuve lent. Où meurent les moulins à aube. Des péripéties d’absinthe. La fée verte. Des métaphores à faire pleuvoir sur les jours ouvrables. Dans des vallées soleilleuses. Avec deux ou trois maçons poètes pour tenir le crachoir. Les pères fondateurs de la grouille standard. Le riquiqui éditorial qui s’est pavané en guinguette durant les années de rage vache. 
 Mais surtout, surtout, ne pas se poser la question. La mine. La ravageuse. L’unijambiste qui tire la langue. Ne pas douter du bon vouloir des amants. Ne pas s’écouter se taire. Six pieds sous vers. Moitié d’alexandrin vermoulu. Ne pas se ne pas ne se pas. 
 L’exode n’aura pas lieu. La vie est toujours plus forte que moi ! Elle l’emporte. Les lénifiants demeurent sans effet. Elle cogne dans les portes. Rue dans les pores. Me jette dans les remparts. Elle pompe elle bat. En tout sens. Et moi je suis derrière. Je balaye les débris. Je me ramasse les morceaux. Je me recolle les quatre points cardinaux dans le désordre de l’émotion. Je signe des excuses. Des requêtes. Des décharges. Je m’évanouis dans la rature. Je n’ai aucune alternative. Rien que le front. Le plein fouet. Je suis la matière première de ma propre vie. Son combustible.
 Je ne me défile pas en doux récit. L’antan à tous les temps. J’ai du sang dans l’aventure, l’inverse n’est pas vrai… Je ne puis narrer gentiment mes déboires comptables dans les forêts de chiffres et de papier. Mes démêlées avec les pygmées. Mes frères sarbacanes hurlant dans la canopée. Mes sœurs grises sel mâtinant le brouillard. Mes humeurs fricassées. Mes trois œufs dans le thé. Mon cancer ponté pas encore levé. J’ai du sang sur les menottes, du foutre sur la hanche. Je ne m’apprends rien ; la vie me devine, me domine ! 
 Vais pas au monde pour buvoter, partager ma dîme rance dans des casernes chrétiennes. Beuveries chiennes dans lesquelles dissoudre ses forces. Dans les minettes. Dans les Ginette. Dans les Annette. Dans les saynètes. Et dans les quarts de dette. 
 Et j’écris pas comme on bureaute !!! J’écris en marche à contre train ! Dans un bestiau de tête… Je sursaute pas, biseaute pas, dépiaute pas, classiquement. Je ne m’infiltre pas doulou micron dans un monde en rayon gland… Agla gond ! 
 Je suis le personnage de moi-même ! Drapé de pilou. Blanc fantôme de blanc matin. Qui cherche neige en « salope » d’homme bleu… Qui lave cure, récure, mercure. Avant de se toucher du doigt la douille messianique. Son recru d’Ancien Testament. (Que je majuscule pour ne pas bousculer les ordres.) 
 Et j’aurais ma débonde… J’en ricane caille déjà ! Je me brouterai dans la main… Boufferai du prépuce comme s’il en pleuvait ! En boite ! En salade du Diable ! Sans les menottes… Entre les seins d’une bombe et les jambes d’un gouvernement jésuitique… Dans le con racé d’une putain qui me fiche en l’air soixante pulsations par minute. Une en jambes et en grelots charnus. Couverte de tétons. Aux lèvres à glissière et au pubis hivernal. 
 Ma vie ferrera sans mon consentement. S’éjaculant seule d’un corps inhabitable. Vers l’immédiat de la survie. 

(Jeudi, 11 novembre 2004) 

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