dimanche 24 janvier 2010

Azabache - Aveux Analphabètes -



(Extraits) 


Poteaux Roses. Je m’appelle Azabache. Non, je ne suis pas originaire de ces pays où. Je travaille. Je suis maçon. Pas étranger. Que du contraire. Mais la gueule de l’emploi. Des deux. Faut pas aller loin pour tout perdre. N’importe qui vous le dira. Il suffit d’un couple. Et de quelques secondes.

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Je cherche dans mon lit, le soir, de la viande humide. Mais je suis irréductiblement seul. Avec mes mains de maçon. Belles mains de mes dix doigts. Et des pulsions dessous la peau. Aux quatre ares de l’être. Pulsions nocturnes éparpillées. Que le sommeil convoite ouvertement. Mais je n’ose prêter la main à ce qui me soulève le cœur au désir flamboyant à l’image vigoureuse de la cochonnaille. Je reste en solitude à mal observer les cals de mes paumes. En me promettant d’un jour assouvir mes besoins. Preuve s’il en est de mon humanité. De mon appartenance à la race des mâles en bleu de chauffe.

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 De moi à l’amour, il y a loin. Une femme de la vraie vie en dur. Avec les attouchements que ça comporte. Du luxe. Pas une putain pour trois fois sourire. Au contraire. Plutôt le genre auquel on arrive à bout de crime ou à la fin du drame. Filandreuse sur drap blanc. J’y ai accédé. Par le passé. Il pleuvait. J’ai touché l’enfant d’elle. Enfant si près de la vérité que j’ai bien failli y croire. Mais il tombait des hallebardes. Et une herse de mots. Dressés pour nuire. Élevés entre-nous. Nous avions chacun notre misère. Ça ne se partage pas.

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 Poteaux roses. L’espoir brinquebalant. Matin vite expédié. Mouture classique du pas pressé en retard vers les lieux de la ruine. Vers le chantier. Où patiente le mari de la Danseuse. Je suis Azabache. Maçon. Odeur de plâtre et de café. Je me souviens d’un parfum de goyave. Lors j’habitais mon imagination. Illico je suis repris. S’appelle le rythme. Le mari de la Danseuse réparti les tâches. Me somme de ranger ma libido. Pas un instrument de travail. Les camarades éclatent de rire. Ils font mine de la piétiner. Je l’enroule à ma cordelière. Les moulures du plafond sont en plâtre. De jadis à maintenant. 


- Paru aux Editions boumboumtralala en septembre 2008 - 

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