dimanche 24 janvier 2010

Défouloir de Monde



 « Je n’aime ni tes seins ni ta peau, seuls les sables mouillés de ton con m’émeuvent. Je rentre en toi comme dans un port. Sans apprêt ou afféterie. La main sur la plainte crissante de ton pubis, je décharge ma longue traînée de mouise. Tu n’ignores rien de mes pestilences, mes montées au ciel, ni de l’enfant que j’ai laissé à fleur de l’autre loin dans un pays de rocailles. Tu sais en jouer de mes silences, de ce que je tais, cette merde jaunâtre qui me court dans le sang. J’appelle ça la douleur de la perte. Tu es une femme qui reprend à son compte, et en fait bon usage, mes émotions. Je dis je t’aime, à tout hasard. Un remède comme un autre contre la solitude. D’autant que je n’ai pas un salaire qui me permette d’aller aux putes à satiété. Amen. »

- Concoeur - 

Pine de Chèvre se déshabille prestement. Son flonflon tremblote légèrement tant il est pressé de se diriger vers les douches ou vers des lieux de boue, je ne sais. Les hommes sont là à le regarder. Leurs longues couilles durcies par le froid. Des messieurs fiers de leurs admirables scrotums qui se balancent. Pine de Chèvre, ça n’est rien de tout ça. C’est un mâle falot. C’est l’amputé. Le circoncis. Il n’a jamais réussi à digérer l’image de sa mère. Résultat des courses, son pénis a fondu avant l’heure du réchauffement climatique et le voilà au centre des regards à essuyer des quolibets. Il est pris dans la nasse, dans un nid de burnes, empêtré. Pine de Chèvre se dévêt dans les autobus aussi. Pour voir l’effet que ça fait. Il s’y trouvera bien l’une ou l’autre femme qui, à défaut d’être impressionnée, le prendra en pitié. Il ne rêve finalement que d’une aile accueillante, une maman réconfort où blottir sa moitié d’inceste.

- Pine de Chèvre - 

Un hameau que dans ma culture première nous qualifions de sous-développé. J’escomptais bien y faire mon affaire, sexuellement parlant. Alors en vrai démarcheur, je suis allé de porte en porte demander aux familles, aux pères ou mères, aux anxieux, aux curieux, qu’ils me confient leurs filles, ce qu’ils avaient de plus vierge – et foncé ! – en rayon, si je puis dire. Arguant du fait de ma couleur, blanche, laiteuse, stellaire, mon teint de Voie Lactée, qui ne pouvait, n’augurait, qu’une plus-value, un embellissement de la race. Ils étaient à même de pressentir, deviner, la belle queue claire que je dissimulais encore sous mon falzar et que je me promettais d’introduire profondément dans les vulves en guenilles de leurs femelles. Certains sont restés médusés. D’autres se retournèrent immédiatement vers les croupes que je distinguais, terrées dans l’obscurité des bâtisses en torchis. Moi, je sentais déjà contre mon ventre la mouillure tiède et odorante d’une demi-douzaine de cons…

- Conquistador - 

L’univers. Des cigarons ! Et des brûlures de verge à la couture des pantalons. Des pains abjects. Des boulangeries où se replie la vie. Les insectes de la transe. Toutes ces petites nasses de soucis quotidiens transportant des débris de feuilles, du suc, de la colle à boire et le patron de leurs sous-chefs. Et puis, au foyer, l’éternel retour, des phrases faites, aptes à résister et assouvir les prédations de l’autre, ledit amour. L’affublé prénom. Le singe dans l’homme s’agite, mitraille la neige avec son fusil à gros sel. Les mots s’évanouissent. Les pulsions changent de nom. Il n’y en aura bientôt plus assez pour tenir debout… La terreur loge son étoile dans mon ventre. J’oscille, je scintille. La routine m’ancre dans l’envasement du monde. Le bassin de la Meuse en étant le représentant hydrographique sur terre.

- Automnales - 

Cette nuit j’ai suivi un verrat qui s’enfonçait dans un bosquet derrière une toute jeune fille dépourvue de petite-culotte sous sa jupe courte. Autant dire que l’animal allait lui faire chaudement son affaire et que j’étais très jaloux. D’autant qu’il s’était roulé dans la soue et les feuilles avant de se diriger vers le con… Et moi ? Le propriétaire de la bête, chez qui je me suis rendu illico afin de me saisir d’une hache d’abattage pour arrêter cette infecte coucherie, m’a ri au nez… Et il m’a, en prime, interdit de m’attaquer à son cochon ! Me permettant seulement de l’ennuyer, ou le déconcentrer (c’est le cas de le dire), un peu, avec une baguette de sourcier, qu’il m’a remise. D’après lui ce ne serait qu’une affaire de vibrations, de tressaillements, d’ondes amoureuses dont il faut savoir se saisir pour avoir la moindre chance de pénétration… Bien lotis, les porcs, nom de dieu ! Et tout ce tintouin pour, en définitive, trouver la gosse recoquillée dans une cabane tremblante et vermoulue au fond des bois…


- Tout est bon -


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire